En 2019, 55 % de la richesse produite par les salariés du Groupe Air Liquide ont été distribués aux actionnaires, soit près d’1 milliard 200 millions d’euros.
La création de richesses brutes d’une entreprise est appelée la valeur ajoutée (VA). Cette richesse créée est répartie sous trois formes : salaires pour les travailleurs, profits et dividendes pour les propriétaires du capital, et enfin l’impôt, prélevé par l’État. La lutte syndicale dans l’entreprise se cristallise autour de la question de partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail, c’est à dire autour de la répartition de la richesse créée à l’entreprise : salaire ou dividende ?
A titre d’exemple pour la filiale Air Liquide France Industrie, les profits et les dividendes ont accaparé 44 % des richesses créées par l’entreprise et ceux qui y travaillent soit 190 millions d’euros.
La part des salaires dans la Valeur ajoutée
Ces dernières années, la part du total des salaires dans le total de la valeur ajoutée, au niveau macroéconomique, a beaucoup évolué. Cette part salariale est restée stable dans les années 1960, et jusqu’à la crise du milieu des années 1970 qui la fait brusquement augmenter. Puis intervient au début des années 1980 un retournement de tendance qui conduit à une baisse régulière puis à une relative stabilisation à un niveau historiquement très bas. Le partage de la valeur ajoutée devient plus favorable au capital à partir des années 2000, cette situation s’explique par la transformation du rapport de forces entre classes sociales à cette période et la financiarisation de notre économie.
Ainsi, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises est de 65,8 % en 2006 contre 74,2 % en 1982, soit un recul de 8,4 points. Selon la Commission européenne, la part des salaires dans l’ensemble de l’économie est passée de 66,5 % en 1982 à 57,2 % en 2006, soit une baisse de 9,3 points. Depuis la crise financière, cette part est remontée à 59%, non pas en raison d’une augmentation des salaires mais parce que la valeur ajoutée créée par les entreprises était beaucoup plus faible à l’issue de la crise, donc cette augmentation n’est pas en lien avec la hausse réelle de revenu pour les salariés.
Une situation contrastée
Néanmoins, la situation n’est pas la même pour tous. Entre 1996-2006, on constate une envolée des très hauts salaires en France, les 0,1 % les mieux rémunérés avaient vu leur salaire mensuel brut progresser (inflation déduite) de 19 374 à 24 000 euros, un gain de 28 % soit 5 426 euros. Pour la plupart des 60 % des salariés les moins bien payés, le gain n’avait pas dépassé les 130 euros. Par ailleurs, entre 2009 et 2014, les dividendes ont augmenté de 58% et les grandes entreprises françaises se sont fortement financées auprès des marchés financiers, par le biais d’émissions d’actions. En conséquence, elles ont consacré jusqu’à la crise de 2008 une part croissante de leurs profits à rémunérer leurs actionnaires sous forme de dividendes ; et ce, au détriment de l’investissement et de l’emploi.
Quelle est la tendance en Europe ?
D’après une estimation de la Confédération européenne des syndicats (CES), si la part des salaires dans le PIB de l’Union européenne était restée identique à ce qu’elle était au début des années 90, les salariés auraient gagné, en moyenne, 1764 € de plus en 2017. De fait, la part des salaires dans le PIB est en déclin dans tous les pays de l’UE depuis le milieu des années 1970. Les salaires comptaient pour 72 % du produit intérieur brut en 1975, leur part est tombée à moins de 63 % en 2017.
Pour la CGT, le travail est à l’origine de la création des richesses. C’est un formidable atout pour l’économie française. Les salaires et les cotisations sociales sont primordiaux pour vivre, se soigner, bien vieillir. Chaque augmentation de salaires gagnée améliore l’économie du pays et la pérennité de la sécurité sociale.