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#HYDROGÈNE : Déclaration CGT au CSE IM IDF NORD 21 février 2024


L’histoire de France du 20ème siècle permet de mieux comprendre les enjeux de l’indépendance énergétique d’un pays.

En 1945, après la seconde guerre mondiale, le Général de Gaulle fonde le CEA (centre d’énergie atomique). En fondant la Cinquième République en 1958, le Général de Gaulle a toujours dans l’esprit ses thèmes initiaux de reconstruction et de rétablissement d’une indépendance économique établi conjointement avec le CNR (conseil national de la résistance) et les partis politiques. Il a aussi dans l’esprit, sans le formuler d’une manière claire, un retour à un certain interventionnisme de l’État afin de faire de la France à nouveau une puissance moderne, productive et surtout indépendante en production d’énergie. Le développement du parc nucléaire issu de cette politique mise en place fera de la France un leader incontestable de la production énergétique dans le monde.

Rappelons que cette politique a par ailleurs été rendu possible par la mise à l’écart du patronat dans sa grande majorité, éloigné des discussions du fait de sa collaboration avec l’occupant.

La production d’énergie est en effet le cœur du développement d’une nation. Elle ouvre la voie aux investissements, aux innovations et à de nouveaux secteurs, qui sont autant de moteurs de création d’emplois, de croissance inclusive et de prospérité.

C’est la raison pour laquelle la production d’hydrogène naissante, une énergie en passe de remplacer la production de pétrole en raison de ses propriétés théoriquement non impactantes sur l’environnement, doit être une priorité nationale au même titre que l’énergie nucléaire, de sorte que la France reste souveraine en besoins énergétiques afin d’assurer son avenir, mais surtout de ne pas être à la merci des spéculateurs de tous bords.

Car en effet, la libéralisation de la production d’énergie entraîne une diminution des contraintes sur l’économie, et amène les spéculateurs à faire croître en permanence les coûts énergétiques pour l’utilisateur final, bien que les coûts de production soient relativement constants. Cette politique mise en place par l’Europe dans l’intérêt de l’élite financière met à mal l’investissement et l’innovation des entreprises, créé du chômage, de la pauvreté, et impacte le pouvoir d’achat des citoyens.

Très récemment, conscient que cette politique libérale rendait les nations dépendantes des marché financiers, le Mexique a nationalisé une unité de production en hydrogène, l’Inde a repris en main sa production d’oxygène après le COVID pour pallier à une pénurie qui a provoqué une augmentation notoire des décès durant la pandémie, et l’Espagne et le Portugal, par ailleurs les deux seuls pays en Europe qui ont demandé et bénéficié d’une dérogation de la Commission européenne, se sont affranchit des tarifs spéculatifs du marché Européen durant un an.

L’hydrogène, présenté aujourd’hui comme une énergie d’avenir propre par certains, dépend néanmoins du type de production, comme l’essence E85 « bio éthanol », dont le cycle de fabrication n’a rien d’écologique, et doit de plus bénéficier des subventions de l’État pour être rentable.

A ce titre, nous n’aborderons pas les différents procédés de fabrication de l’hydrogène, ni les cycles de construction et recyclage d’un véhicule électrique, ou à pile à combustible hydrogène, dont les procédés ne sont pas non plus particulièrement écologiques à ce jour.

La CGT revendique par conséquent la création d’un grand pôle public d’État pour garantir la souveraineté énergétique de la France afin de préserver le bien-être humain, au même titre que pour l’air et l’eau.

Car l’histoire nous rappelle en effet que la politique Européenne de l’énergie imposée à la France a entrainé le démantèlement des différents outils de production d’État (EDF, GDF…), la fermeture prématurée de la centrale de production électrique de Fessenheim, et que cette politique délétère vis à vis de la France a entériné la fin de la souveraineté énergétique mise en place par le général de Gaulle il y a 70 ans.

Conséquence de cette politique ultra-libérale, EDF, qui a été dénationalisé puis démantelé à partir de 2004 par l’État Français, n’est plus en mesure de garantir aujourd’hui une énergie bon marché pour l’ensemble des citoyens, à cause du système spéculatif mis en place par l’Europe dans le cadre de l’ouverture aux marchés financiers de la production énergétique. On observe que la renationalisation d’EDF en 2023 n’apportera aucune solution pour mettre fin à cette spéculation sur le prix de l’électricité en France, puisque c’est désormais l’État Français, en ayant fait le choix de rester inféodé à l’Europe, qui subventionne l’augmentation des tarifs grâce aux impôts payés par les Français afin d’éviter une flambée des prix, dans le seul intérêt des actionnaires. On marche sur la tête !

Dans les faits, l’écart actuel entre le coût de production de l’électricité pour EDF (20€ le MWh) et le prix de l’électricité sur le marché de l’énergie (61€ le MWh) pose question. Rappelons par ailleurs qu’au 1er janvier 2022, le prix de l’électricité était 94€ le MWh, jusqu’à atteindre 292€ le MWh le 1er décembre 2021, soit un prix de vente 14 fois supérieur au coût de production.

On voit bien ici les effets d’un tel système spéculatif, qui permet aux profiteurs de tous bords d’augmenter considérablement leurs marges sans même produire un seul mégawatt d’électricité.

On comprend donc parfaitement à qui est destiné la politique Européenne de l’énergie imposée à la France de revendre sa production d’énergie a des groupes privés : les actionnaires.

Au même titre qu’EDF, la gestion des autoroutes, des EHPAD, de l’eau, etc… qui étaient autrefois gérés par le domaine public dans l’intérêt du bien commun, ont été mis entre les mains du secteur privé et de leurs actionnaires, transformant le citoyen en bout de chaîne en une variable d’ajustement et un porte-monnaie sur pattes !!!

Il est probable que l’hydrogène soit une des solutions d’avenir en matière de production énergétique, mais cette solution doit s’inscrire dans un pôle énergétique publique au service du citoyen, pour le bien-être du plus grand nombre.