Comme il y-a trois ans et suite à l’assemblée générale des actionnaires du 18 mai dernier, le conseil d’administration du groupe Air Liquide entreprend une grande campagne de lobbying auprès des salariés et des organisations syndicales.
Ainsi pour « fédérer et renforcer le sentiment d’appartenance», le Groupe Air Liquide entend faire la promotion de l’actionnariat par une grande opération d’ « augmentation du capital réservée aux salariés (ACRS) ».
Quelle aubaine pour la majorité des salariés et notamment les ingénieurs et cadres qui, comme nous l’avons constatés sont rémunérés en deçà des minima hiérarchiques communiqués à la fois par la Direction d’Air Liquide mais aussi par l’Union des Industries Chimiques !
Au prétexte de créer de la valeur pour l’actionnaire, les salariés deviennent ainsi les collaborateurs actifs d’une politique de réduction de la masse salariale, des diminutions d’effectifs et du transfert des salaires et de la valeur du travail dans la sphère financière, propriété exclusive du capital actionnarial.
Comment, lorsque l’on passe du statut de salarié à celui de collaborateur, peut-on oser remettre profondément en cause la politique et les choix de ceux qui décident du versement du dividende au grand détriment de l’investissement pour l’emploi, les salaires et les conditions de travail ?
Non certaine de parvenir à son résultat, la Direction Générale va même un cran plus loin en cherchant dans toutes les filiales, via la signature d’un avenant au plan d’épargne entreprise, le cautionnement des organisations syndicales.
Pour la CGT, la réponse restera en cohérence avec ses revendications de progrès social, d’émancipation des salariés et de conquête de droits nouveaux en direction des salaires, de l’emploi et des conditions de travail.
Le rapport 2018 des ONG Oxfam et Basic indique que les groupes du CAC 40 ont redistribué à leurs actionnaires les deux tiers de leurs bénéfices depuis le début de la crise, au détriment des investissements et des salariés.
En 2018 et dans ce mouvement sciemment organisé contre l’intérêt général et social, le conseil d’administration du groupe Air Liquide a décidé d’une augmentation de 12% pour les actionnaires contre seulement 1% pour les salaires.
Rappelons qu’en 2015, le groupe Air Liquide a été condamné pour discrimination syndicale et salariale. En juin 2018, seulement trois ans plus tard, une analyse conduite par le Syndicat CGT Air Liquide de la région parisienne dénonce dans les filiales du groupe, des irrégularités dans le calcul de la valeur du point, dans les classifications des salariés et dans le déroulement de carrière.
Cela organise la désinformation des salariés
Les salariés doivent rester maîtres de leur avenir collectif et social. Seul le salaire garanti le paiement de la valeur du travail en lien avec l’exécution du contrat de travail. Ne nous laissons pas surprendre par des décisions qui ne sont pas les nôtres.
Contrairement aux idées reçues, les primes d’intéressement et de participation versées aux salariés sont par définition des rémunérations aléatoires qui ne participent en rien à l’acquisition de droits pour notre protection sociale. Les accords d’intéressement sont légalement facultatifs. L’employeur peut les dénoncer et y mettre fin à tout moment.
C’est de la politique salariale et sociale dont il est question
Seule une politique salariale et sociale digne de ce nom permet un juste partage des richesses crées par les salariés. Les revendications CGT s’inscrivent dans cette démarche pour changer définitivement de logique et tourner définitivement la page de ce système devenu fou.
Dans les filiales du groupe Air Liquide, les primes aléatoires versées au titre de l’intéressement et de la participation sont en moyenne 6 fois supérieures aux sommes versées au titre des augmentations de salaires (réparties à titre individuelles).
La législation l’exige ; Si ces mécanismes de prime incitent à l’épargne salariale à titre individuel et en fonction de la capacité de chacun a pouvoir véritablement épargner, ils ne doivent pas devenir des moyens de rémunérations qui s’imposent à tous au détriment – ou pire – en remplacement du salaire, des cotisations pour nos droits sociaux universels (sécurité sociale, retraite, chômage) et de notre pouvoir de consommation.
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