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Rendez l’argent aux salariés ! Le partage des bénéfices est annoncé. Lettre ouverte à Benoit Potier #16Mai2018 #AG2018 #AirLiquide


Le grand rendez-vous annuel du partage des bénéfices est annoncé.

L’Assemblée Générale d’Air Liquide se tiendra le mercredi 16 mai 2018 à 15 heures, au Palais des Congrès de Paris.

Comme chaque année la vitrine sera décorée, les résultats obtenus grâce aux efforts de tous les salariés s’afficheront sur les écrans géants, sous les yeux remplis d’étoiles des salariés-actionnaires (à peine 2% des parts), des petits, gros porteurs et des nombreux investisseurs (98% des parts)

De la Chine, devenue terre de prédilection des grands projets d’investissements du groupe Air Liquide comme des principaux industriels européens, nous citerons Kong Fuzi alias Confucius nous rappelant très justement que « Quand le sage montre la lune… » 

En effet et à regarder du côté de l’arrière-boutique, tout ne semblerait pas aussi reluisant.

Si l’année 2017 permet au groupe Air Liquide de franchir la plus haute marche du podium grâce au rachat d’AirGas, c’est aussi une année marquée de nombreux écueils sociaux dont des milliers de salariés ont fait les frais. La question de savoir qui finance les bons résultats ne pose donc plus… (elle ne s’est d’ailleurs jamais posée)

2017 : Quelques faits marquants

Crédit photo : Challenges

Entre la bûche de noël et le champagne du nouvel An, Air Liquide fait ses adieux au commandant Cousteau et se sépare de 1000 salariés en cédant sa filiale AquaLung au fonds de capital investissement Montagu Private Equity : Lire ici

 

 

En Avril, la Cour de cassation conforte la condamnation en 2015 des filiales Air Liquide France Industrie, Cryopal et ALEM pour discrimination syndicale, clôturant ainsi un dossier ouvert depuis 2008 : Lire ici

 

Crédits photo : Site internet AirGas

Comme annoncé en Mars, le groupe Air Liquide finalise durant l’été la cession de sa filiale Air Liquide Welding, acteur majeur sur le marché de la fabrication de technologies de soudage et de coupage. Ce fleuron appartient désormais à Lincoln Electric qui aurait déboursé 115 millions d’euros pour acquérir une entreprise qui génère 350 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2016. Pour une bouchée de pain, 2000 salariés sont passés sous pavillon Américain (Lire ici)   Du gagnant-gagnant pour le marché Américain et AirGas puisque Lincoln Electric est un de ses premiers fournisseurs pour l’ensemble des produits de soudage commercialisés par la toute nouvelle filiale américaine du groupe Air Liquide.

Rappelons également qu’en 2016, traduite devant le tribunal des prud’hommes de Paris, la société Air Liquide a été condamnée à verser 740 000 euros de dommages et intérêts à ses employés exposés durant des années de travail à l’amiante. M.Benoît Potier PDG du groupe et également président de l’E.R.T (organisation patronale des industriels européens), porte une lourde responsabilité dans la détresse des salariés (lire ici)

Paradoxalement et en l’espace de 7 ans, le chiffre d’affaire d’Air Liquide est passé de 13,5 milliards à plus de 20 milliards d’euros soit une vitesse de croisière moyenne d’un milliard d’euros par an.

En 2018 sur les 2,2 milliards de résultat net, les actionnaires vont se partager 1,2 milliards d’euros soit plus de 54 % de la richesse créée par les salariés.

En comparaison du train de vie des salariés du groupe Air Liquide en France qui se partagerons des augmentations de salaires de 0,8 à 1 % (attribuées dans le meilleur des cas de manière individuelles et ce, dans le but de combler tant bien que mal le taux d’inflation global communiqué chaque année par la Direction), celui du PDG Benoit Potier – comme de ses proches collaborateurs – est nettement plutôt confortable.

 

  • Un salaire fixe en augmentation de 7% en 2016 (1,18 millions d’euros) et de 8,5% en 2017
  • Une rémunération variable annuelle sous forme de bonus à 1,16 millions d’euros
  • Une voiture de fonction et une assurance chômage comptés pour 10 000 € par an
  • Des stock-options sous conditions de performances estimées à 1,20 millions d’euros
  • Des actions gratuites sous conditions de performance estimées à 2,01 millions d’euros
  • Une prime exceptionnelle en actions liée à l’acquisition d’AirGas estimée à 2,26 millions d’euros
  • Un contrat d’assurance vie avec le versement d’une prime de 205 416 euros
  • Une retraite chapeau à prestation définie soit une rente de 40 000 euros par mois (les droits de Benoît Potier sont estimés, au 31 décembre 2016, à 478 916 euros bruts par an de retraite après 35 ans passés dans le groupe. )
  • Une retraite chapeau à cotisation définie soit une rente de 14 000 euros par mois
  • Une indemnité de départ estimée à 4,6 millions d’euros
  • Pas de jetons de présence chez Air Liquide mais une présence rémunérée au conseil de Danone (68 000 € de jetons de présence en 2016 chez Danone dont il possédait 8481 actions en fin d’année)
(source : www.minoritaires.com)

Pour pouvoir afficher de si bons résultats, il faut bien que quelqu’un travaille… 

Vous avez une idée ?

Nous oui !  Et pour la Confédération Générale du Travail comme pour tous les salariés : CA SUFFIT !

Le monde change ; Remettons le monde à l’endroit !

L’avènement de la « révolution numérique » vantée par tant de nos dirigeants devrait logiquement contribuer à réduire la charge et le temps de travail à 32 heures comme le revendique la CGT et ainsi, participer à un juste rééquilibre des temps sociaux entre vie privée et vie professionnelle.

L’égalité professionnelle devrait être la priorité tout comme les mesures en faveur de l’emploi, du salaire et des conditions de travail.

Paradoxalement c’est tout le contraire que se produit.

En France, après la casse de l’outil industriel et la suppression de milliers d’emplois d’ouvriers depuis le premier choc pétrolier, ce sont maintenant les emplois intermédiaires qui sont concernés, avec 3 millions pouvant être détruits d’ici à 2025.

Pour Air Liquide à l’échelle de la France comme de l’Europe, face à des effectifs réduits chaque années par l’effet des filialisations, cessions, réorganisations successives, des plans sociaux et autres plans de départs volontaires (Air Liquide Welding en 2013, Air Liquide France Industrie en 2013 et 2017, Air Liquide Ingénierie et Construction en 2018), les conditions de travail des salariés se dégradent de façon désastreuse par une pression toujours plus grande sur les résultats.

Les accidents du travail avec et sans arrêts sont légions. Les arrêts de travail pour surmenage et souffrance psychique se multiplient. Si hier quelques filières et métiers pouvaient encore s’estimer « épargnées », tous les niveaux de hiérarchie sont dorénavant confrontés aux effets néfastes des politiques de gestion humaines et sociales aujourd’hui à l’œuvre.

Les filiales santé et soins à domicile subissent une politique sociale des plus précaires avec des rémunérations parmi les plus faibles du groupe et des conditions de travail à la limite de l’esclavage. La CGT y dénonce les agissements délétères des dirigeants de ces filiales pourtant dédiées à la prise en charge de la santé humaine.

Par la mise en concurrence des salariés entre eux, dans une perpétuelle et ubuesque relation « clients » – « fournisseurs » internes, l’activité de travail fait de moins en moins de sens. L’équilibre des temps de travail nécessaires à la création et à l’entretien des collectifs est inversé au profit des temps exclusivement productifs, du culte de la performance, dans lesquels les salariés se réfugient sur une dynamique de chacun pour soi.

Dans cette dynamique du diviser pour mieux régner, pour tous les salariés, de l’ouvrier à l’ingénieur, de l’employé au cadre, le contenu du travail se réduit à l’application de procédures définies par des processus de plus en plus complexifiés, imprécis et incompréhensibles.

Malgré l’entrée en vigueur des entretiens professionnels obligatoires par ailleurs déployés au sein d’Air Liquide de la plus désinvolte des façons, les déroulements de carrière et le développement des compétences ne sont plus ni encadrés ni encouragés. Comme le proclame les directives internes, c’est maintenant aux salariés (dans un lien de subordination juridique permanent – NDLR), d’être acteurs du déroulement et du développement de leurs carrières ?!

Paradoxalement aux bons résultats, sur le terrain et pour les salariés c’est le monde à l’envers !

Les intérêts collectifs à défendre doivent toujours primer sur les intérêts individuels et nous regrettons de constater qu’à l’exception de la CGT, la majorité des membres du Comité Central d’Entreprise ont accepté de rendre un avis favorable cautionnant ainsi la politique financière et sociale de nos dirigeants.

Contrairement aux engagements sociaux et à la responsabilité sociétale d’un groupe comme Air Liquide, le constat sur le terrain démontre que la politique sociale du N°1 mondial des gaz industriels et médicaux est loin d’être celle qui est publiquement affichée.

La Confédération Générale du Travail faisant preuve d’une extrême vigilance pour que les accords collectifs d’entreprise ne soient pas négociés en défaveur du code du travail quand ce n’est pas en défaveur des accords de branche, nous regrettons de constater qu’ils ne sont respectés qu’à la marge, au détriment des salariés, à commencer par les accords sur le handicap et l’égalité professionnelle.

La politique de rémunération du groupe Air Liquide encourage les revenus indirects basés exclusivement sur la performance (intéressement, participation, actionnariat salarié…) au détriment de l’augmentation du salaire, seul à permettre le financement de la sécurité sociale, de la retraite et du chômage. Contrairement aux idées reçues, les salariés ne profitent pas des plans d’épargne d’entreprise, ils débloquent leurs primes pour financer leurs congés d’été, leurs emprunts ou encore leurs impôts – NDLR

Si ce n’était pas suffisant, place maintenant au tout gestion !

Les méthodes managériales issues du wall street management ont des impacts significatifs et parfois même sans retours sur la santé psychique et mentale des salariés.

Le déploiement du système d’évaluation individuelle de la performance et de gestion des « talents » baptisé « TMS » par l’introduction de critères d’évaluation comportementaux décriés par les experts facilite aujourd’hui la déclassification et l’exclusion des salariés.

Nous en avons pour preuve la récente condamnation du groupe Air Liquide et de sa filiale Air Liquide Engineering & Construction par le Conseil des Prud’hommes de Paris pour licenciement abusif. Ce jugement remet ainsi clairement en cause les « Processus TMS » d’évaluation de la performance.

Les salariés bénéficiant d’une grande ancienneté, d’une parfaite connaissance du groupe, de ses métiers et des savoirs faire sont petit à petit poussés soit vers la résignation et la stagnation de leur parcours professionnel soit vers la sortie puisque considérés comme « coûteux et improductifs », par les statistiques qui alimentent les politiques RH de gestion de la masse salariale (le fameux coût du travail…).

Bien faire son travail ne suffit plus ! Face au travail prescrit, le travail réel et l’ensemble des compétences mises en œuvre pour parvenir au résultat sont tristement insignifiantes aux yeux de nos dirigeants et l’issue choisie par les salariés est souvent la fuite et la démission pour un monde meilleur.

La liste est encore longue. Alors oui ! A l’opposé d’un soit disant coût du travail, posons nous la question du coût humain et social qu’engendre le coût du capital.

Il y-a alerte ! Regardons de très près ce qui va nous arriver si on ne fais pas rapidement le choix de tourner la page !

D’ici 2020 les ordonnances réformant le code du travail, réduisant les droits des travailleurs dans la logique de la charte du travail de Pétain, décidant ainsi la mise en place des Conseils Économiques et Sociaux tout en supprimant les Délégués du Personnel et les CHS-CT vont drastiquement réduire les prérogatives permettant de représenter et défendre dignement les intérêts de tous les salariés, notamment ceux basés au sein des établissements du groupe Air Liquide classés Seveso seuil haut et bas.

Ce n’est pas en compressant les salaires et en mettant les salariés et leurs garanties sociales comme principale variable d’ajustement, que l’on fera décoller magiquement et durablement la croissance du groupe Air Liquide.

Ça fait 20 ans que ça dure ! Il est temps de prendre conscience que le modèle économique et social qui régit le groupe Air Liquide est à bout de souffle !

Pour la CGT, il est immoral de vouloir devenir milliardaire et n°1 du secteur alors que la précarité touche et touchera la quasi totalité des salariés qui ont fait, font et feront la richesse du groupe Air Liquide. Nos valeurs sont celles de la coopération et de la solidarité et nous disposons de propositions concrètes pour construire un monde meilleur.

Cette année comme l’année suivante, auront lieu les élections professionnelles au sein des plus importantes filiales que sont Air Liquide SA, Air Liquide France Industrie et Air Liquide Ingénierie et Construction. D’ores et déjà, les négociations de couloir entre la Direction et certaines organisations syndicales organisent l’éloignement des représentants et des salariés par des mesures nettement moins favorables que celles prévues par la législation. Ainsi pour Air Liquide SA, ils viennent de valider en catimini la mise en place d’une instance unique (CSE) pour représenter et défendre les intérêts de plus de 1000 salariés répartis sur 3 établissements distincts.

Pour TOUS les salariés, ces élections seront l’occasion d’un double référendum :

  • Pour ou contre continuer vers la remise en question permanente des métiers, des savoir faire et des compétences des salariés d’Air Liquide ?
  • Pour ou contre continuer vers la remise en question et le détricotage de nos acquis sociaux collectifs à l’échelle de la branche comme à celle de l’entreprise Air Liquide et ses filiales ?

Vous aussi si vous ne voulez pas en rester là, rejoignez-nous !